mardi 3 août 2010

Jour 02 Ep 01

Je sais : je ne devrais pas. Mais je n’ai pas pu résister. J’ai imprimé le numéro de Médiologies sur le papier. Tout. En pleine écriture sur les communautés j’ai tout lâché et je suis allé voir ailleurs.

Bon, d’accord, ce n’est pas si loin que cela de la thèse. Du papier au web, il y a un chemin. On y écrit, on y laisse des traces. Ce sont deux matières d’humanité. L’une est pleine de vieux savoirs. L’autre recèle des savoirs si neufs que nous ne les avons pas encore tout à fait exploré. Et, pour jeunes que soient les matières numériques, pour extraordinaires qu’elles se présentent, elles procèderont toujours du bon vieux papier. Et c’est a partir du papier que l’on pense et que l’on pensera cette autre matière. Ceci ne tuera pas cela. Le neuf ne tuera pas l’ancien. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que même les blogues ont repris et remis à neuf l’antique terme de “billet”

Et puis avec le papier, je suis à nouveau en terrain connu. C’est une matière que je connais et que j’utilise. Je vois les enfants hésiter à l’utiliser ou au contraire le “gaspiller” avec un mélange de plaisir, d’agressivité ou de culpabilité. Je le vois être plié, froissé, déchiré. Je le vois se couvrir de traits, de taches, de dessins et d’écritures. Je le vois être support d’opération psychiques. Le papier est un des matériaux mis à disposition des enfants pour dire. Certains l’utilisent aussi à merveille pour se taire.

Ceci ne tuera pas cela. Il est donc possible de comprendre le neuf à partir de l’ancien. Et même d’apprendre du neuf sur l’ancien grâce au savoir qui a été dégagé. C’est un des paris de cette thèse.

 

Mais vous en prendrez bien encore un morceau ?

 

Pluralité des définitions des communautés virtuelles

La sociabilité humaine a fait bien plus que se projeter sur le réseau. Elle l’a modifié en créant les outils dont elle avait besoin. Le réseau est, sous le poids de cette sociabilité, en perpétuelle évolution. C’est une sorte de matériau malléable qui se modifie sans cesse en créant des boucles de rétroaction toujours plus larges.

Les communautés en ligne ne sont pas exemptes de ces transformations. Alors qu’elles étaient au départ des ensembles relativement bien circonscrits avec le plus souvent une vision politique contestataire ou critique vis-à-vis des pouvoirs, les communautés issues du web 2.0 sont aujourd’hui bien plus ouvertes au libéralisme. Cela a amené quelques uns a parler ironiquement de « slave 2.0 » tant les individus semblent être pris dans des dispositifs panoptiques de plus en plus serrés.

Porter & al. définissent les communauté virtuelles comme « un ensemble d’individus ou de partenaires financiers qui interagissent autour d’un intérêt partagé, dans lequel l’interaction est au moins en partie supportée et/ou médiatisée par la technologie et guidée par des protocoles ou des normes »[1]. Elles émergent d’une « rencontre étonnante entre les besoins humains et la technologie », une « constellation d’attributs » (Dirsken)[2]. Pour Allucquere Rosanne Stone « les communautés virtuelles sont des points de passage pour des croyances et des pratiques communes qui unissent des personnes qui étaient physiquement séparés. Les communautés virtuelles se maintiennent en faisant constamment circuler ces pratiques » [3] Jean-François Marcotte les définit comme « des groupes de formes variables qui se construisent à travers des interactions en réseaux et qui prennent siège dans la conscience de leurs membres » [4]. Elles se construisent sur « des affinités d’intérêts, de connaissances, sur le partage de projets, dans un processus de coopération ou d’échange, et cela indépendamment des proximités géographiques et des appartenances institutionnelles » [5]


[1] Constance Elise Porter, “A Typology of Virtual Communities: A Multi-Disciplinary Foundation for Future Research,” http://jcmc.indiana.edu/vol10/issue1/porter.html.

[2] Dirksen, V., Smit, B. (2001). "Exploring the Common Ground of Virtual Communities: Working towards a 'Workable Definition'," University of Amsterdam, Netherlands . Sprouts: Working Papers on Information Systems, 1(3). http://sprouts.aisnet.org/1-3

[3] Allucquere Rosanne Stone Will the Real Body Please Stand up? Boundary Stories About Virtual Cultures in Benedikt

[4] Jean-Francois Marcotte, « Communautés virtuelles et sociabilité en réseaux : pour une redéfinition du lien social dans les environnements virtuels », in Esprit critique, Automne 2003, Vol.05, No.04, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.fr.

[5] Pierre Levy, L'Intelligence collective : Pour une anthropologie du cyberspace (La Découverte, 1997) p. 151

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