jeudi 12 août 2010

Jour 12 ep 02 Il faudra que l’on m’explique

Day Lily With Sunny Drops par audreyjm529Je fais le tour des popotes avant de verrouiller le texte final (?) et je découvre un texte qui s’appelle “Twitter, impuissance et diableries : l’inquiétante étrangeté aujourd’hui”. Je me dis que cela vaut sans doute le détour : le texte est hébergé par le site de l’Ecole de la Cause Freudienne, et un point de vue lacanien est intéressant ne serait ce que pour des raisons historiques.

Lacan s’était en effet intéressé à cette nouvelle science que l’on appelle cybernétique. Norman Wiener avait publié en 1948 « Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and Machine » qui avait été un grand succès. Autant l’imaginaire technique du 19ième siècle a été marqué par les machines à vapeur, autant celui du 20ième siècle sera marqué par celui de l’implication de plus en plus importantes de machines dans la vie quotidienne, de la chaine de production à la maison, et de leur gouvernance. L’information est pensée comme la lingua franca de tous les phénomènes et la cybernétique semble être en bonne place pour proposer une théorie unifiée des échanges[1]

Le 29 janvier 1955, Juliette Favez-Boutonnier en avait abordé le thème a la Société Française de Philosophie. Six mois plus tard, Jacques Lacan en parle à la séance de son séminaire du 22 Juin.

En 1955, Jacques Lacan et Juliette Favez-Boutonnier sont tout à fait dans le tempo. Spoutik ne fera entendre ses bip-bip que deux ans plus tard, donnant par effet collatéral un formidable coup de fouet à la recherche américaine accouchera d’un premier réseau en octobre 1962

Pourtant, le rendez-vous sera manqué. Hier comme aujourd’hui

On croise dans le texte de François Sauvagnat Edgar Allan Poe, Jakob Buckhardt (ne me demandez pas qui c’est et je n’ai pas le temps d’aller voir sur Google), Jean-Paul Richter, JN Nestroy, FT Vischer, Heinrich Heine, Franz Alexander, Jacques Lacan, Averoes, Moise, Facebook, Twitter, Michel Foucault, Aristote, le docteur Shipman et  Jack Bauer en deux pages ! (Je crois que j’ai oublié personne)

Il faudra que l’on m’explique ce que tout ce beau monde fait ensemble. Il faudra aussi que l’on m’explique s’il s’agissait seulement de montrer que Jacques Lacan avait raison contre la cybernétique.

 

Mais vous prendrez bien un bout de thèse ?

Plus les machines deviendront complexes, plus on leur demandera un travail s’approchant du travail intellectuel, et plus elles apparaitront comme menace ou comme supplément nécessaire à l’homme. Tantôt elles seront désignées comme des concurrentes menaçantes et on leur reprochera comme le Dieu Thoth d’empiéter sur ce que l’homme a de plus humain. Tantôt elles apparaitront comme des aides bienvenues et on les célébrera comme des filles du Progrès humain

. “Le futur offre très peu d’espoir à ceux qui s’attendent à ce que nos nouveaux esclaves mécaniques nous offrent un monde dans lequel nous pourrions nous repenser de penser. Ils peuvent nous aider, mais au prix d’efforts suprêmes de notre honnêteté et de notre intelligence” Norman Wiener

Toute la seconde moitie du 20ième siècle bruisse de beaucoup d’ordinateurs, de communications et de réseau. Les anglo-saxons ont le mot computer depuis 1897 pour désigner « les machines à calculer »[1] Le terme cybernétique est inventé par Norman Wiener et popularisé dans son livre « Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and Machine » publié en 1948. Le livre connaitra un grand succès public. Autant l’imaginaire technique du 19ième siècle a été marqué par les machines à vapeur, autant celui du 20ième siècle sera marqué par celui de l’implication de plus en plus importantes de machines dans la vie quotidienne, de la chaine de production à la maison, et de leur gouvernance. L’information est pensée comme la lingua franca de tous les phénomènes et la cybernétique semble être en bonne place pour proposer une théorie unifiée des échanges[2]


[1] Le mot a été traduit par « ordinateur » en 1954 selon la suggestion de Perret à IBM.

[2] C’est durant le cycle de conférences de Macy que la cybernétique va être peu à peu élaborée. Chaque année, des chercheur du monde entier et de différentes disciplines se rencontrent et échangent. De 1946 à 1953, se succéderont entre autres les Bateson, Margareth Mead, le psychologue suisse Jean Piaget, le linguiste Roman Jakobson, Erik Erikson, Kurt Lewin…et un certain Licklider.[2] Macy est un extraordinaire lieu d’élaboration où l’information, cette matière toute nouvelle, travaille les sciences sociales. On y parle de Gestalt et de champ, de rétroaction, système, intelligence artificielle et ordinateurs. Des disciplines nouvelles émergent de ce formidable brouhaha : la cybernétique, bien sûr, mais aussi les sciences cognitives et l’éthologie…

 

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Crédit photo : Day Lily With Sunny Drops par audreyjm529
 

[1] C’est durant le cycle de conférences de Macy que la cybernétique va être peu à peu élaborée. Chaque année, des chercheur du monde entier et de différentes disciplines se rencontrent et échangent. De 1946 à 1953, se succéderont entre autres les Bateson, Margareth Mead, le psychologue suisse Jean Piaget, le linguiste Roman Jakobson, Erik Erikson, Kurt Lewin…et un certain Licklider.[1] Macy est un extraordinaire lieu d’élaboration où l’information, cette matière toute nouvelle, travaille les sciences sociales. On y parle de Gestalt et de champ, de rétroaction, système, intelligence artificielle et ordinateurs. Des disciplines nouvelles émergent de ce formidable brouhaha : la cybernétique, bien sûr, mais aussi les sciences cognitives et l’éthologie…

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