lundi 16 août 2010

Jour 16 Ep 01 Copeaux de travail

Il y a dans mon esprit un passage que je cherche depuis des années. Je le situe imaginairement entre Dakar et le Cap Horn. C’est un point théorique qui permettrait de faire une théorie général du cyberespace. Je dois dire que je l’ai trouvé plusieurs fois. Mais je l’ai perdu plus souvent encore. Il échappe à la formulation. Je le pressens, je pense l’avoir, et voila ! il a glissé encore. Je pense que je le chercherai longtemps encore. Mais je sais aussi qu’il donnera des copeaux de travail qui seront féconds.

 

Mais vous reprendrez bien un bout de thèse ?

 

Le cyberespace ravive les théories sexuelles infantiles qui font de l’intérieur de la mère un cloaque dans lequel des objets partiels se mènent une guerre effroyable. Les mots inventés pour désigner ce qui est vécu en ligne sont en relation directe avec la fantasmatique archaïque : nous risquons d’être inondés (« flooding »), saignés (« leeching ») ou contaminés par des objets externes dont la seule chose que nous savons d’eux est qu’ils sont malveillants. Les spam sont ce dont on ne veut pas et que l’on reçoit pourtant en grande quantité, comme les rations de combat des boys pendant la première guerre mondiale ou comme ce que propose systématiquement la patronne d’un pub dans un sketch des Monty Python. Le cyberespace est alors comme une mère ayant perdu tout bon sens, inattentive aux vrais besoins de son bébé, et lui apportant toujours la même mauvaise réponse à toutes ses demandes[1].

On ne saurait dire plus clairement que l’Internet est kleinien.

Crédit Photo :  Night At The Park par StuffEyeSee


[1] 80% du courriel mondial est du spam.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire